Où? | ESPACE SÉQUENCE |
Quand? | 01 avril au 01 mai |
Artiste(s) | Jeanette Johns |
Jeanette Johns est une artiste originaire de Winnipeg, présentement établie à Montréal. Sa pratique prend racine dans l’observation et l’expérience du regard, avec un intérêt particulier porté vers les représentations bidimensionnelles de l’espace. Fascinée par le paysage, elle s’appuie sur les savoirs empiriques et théoriques pour en considérer les interactions avec les attributs des mathématiques, de la géométrie et de la configuration spatiale. Johns a pris part à des expositions et des résidences à travers le Canada et à l’international et est récipiendaire de plusieurs prix et bourses, dont une bourse de maîtrise du CRSH. Elle a gradué avec honneurs au baccalauréat en beaux-arts de l’Université du Manitoba et est également titulaire d’une maîtrise en art de l’Université Concordia.
« Mon travail récent traite du globe (la boule sur laquelle nous nous trouvons) à travers une recherche philosophique, historique et technique de la Terre en tant que sphère, en me penchant sur les façons dont nous nous représentons cette Terre en images et en diagrammes. Je m’intéresse à la représentation matérielle du globe en trois dimensions dans sa relation avec la cartographie 2D de la surface de la Terre. Je me préoccupe entre autres de l’historique des globes terrestres, de l’importance d’associations entre le terrestre et le céleste, de méthodes de construction, de procédés d’impression et de l’utilisation de fuseaux (une façon de représenter sur un plan la surface de la Terre sans distordre l’information). Je m’intéresse à la mathématique de la projection de cartes – les lignes rhombiques qui forment les courbes loxodromiques (une ligne tracée bien droite dans une projection de Mercator mais qui placée sur un globe se courbe vers le pôle Nord ou le pôle Sud). Ces idées coïncident avec mon intérêt pour la géométrie, dans son rapport à l’échelle, la perspective, la distance et dans la façon dont on l’utilise pour reproduire des particularités physiques et pour se représenter la Terre de façon picturale.
Ma résidence de recherche-création au centre Bang se concentrera à explorer davantage la façon dont ces idées et cette recherche peuvent être exprimées à travers le collage et le dessin. Cette résidence me permettra d’étudier, d’explorer et d’expérimenter avec mes intérêts et, je l’espère, de paver la voie vers de nouvelles idées. J’apporte avec moi différents outils de dessin, de vieux papiers et de vieilles impressions, des médiums qui me permettront d’exploiter le potentiel intuitif du collage. Ma démarche de travail s’en trouvera donc moins prudente et moins calculée, puisque j’utiliserai les ressources à ma disposition comme sources d’expérimentation et d’inspiration.
Mon impulsion artistique vise à convertir en travail papier mes idées et résultats de recherche. Je suis guidée par la simplicité de l’observation comme point de départ et je suis attirée par les représentations du monde naturel et par les interprétations de l’espace en trois dimensions. Je tente d’étudier notre situation en tant qu’êtres dans le monde en filtrant des phénomènes naturels à travers le langage visuel de la géographie et de la géométrie. Notre Terre sphérique me fascine et j’ai développé une esthétique qui considère la façon dont nous nous familiarisions avec elle et ses mouvements, à travers différentes formes de cartographie et par notre perceptions de longs intervalles de temps et de distance. Mon attachement au paysage est relié à une tentative de comprendre l’infini, soit en tant que spectateur devant l’immensité qui nous entoure, soit en considérant la présence de la ligne d’horizon comme point de référence symbolique. Un chevauchement existe chez l’individu que je souhaite explorer, entre les intentions rationnelles des savoirs scientifiques et des savoirs empiriques – cette intersection entre le savoir enseigné et l’expérience ressentie. »
– Jeanette Johns