Où? | ESPACE SÉQUENCE |
Quand? | 10 janvier au 10 février |
Artiste(s) | CYNTHIA FECTEAU |
Née en 1988 dans les Cantons de l’Est, Cynthia Fecteau vit et travaille à Québec depuis 2007. Auteure et critique d’art, elle a d’abord commencé son parcours en obtenant une maîtrise en arts visuels à l’Université Laval. Interpellée par les formes de connaissances sensibles en philosophie et en création, notamment les concepts d’écosophie, d’être-au-monde et de collectivité, elle s’intéresse à leurs manifestations concrètes en littérature et en arts actuels. Outre ses textes d’analyses publiés dans Espace, art actuel, ETC MEDIA, Zone Occupée, Les Cahiers de la Galerie et Le Sabord, elle a poursuivi ses recherches lors de résidences au Québec, à LA CHAMBRE BLANCHE et à l’École Internationale de Percé en 2014, en France, auprès de la communauté de Saint-Mathieu, en 2015, et à Chicoutimi au centre d’art actuel Bang en 2017. Elle s’implique au cœur de plusieurs organismes culturels à Québec en siégeant sur des conseils d’administration et en participant à divers comités. Ces expériences diverses lui permettent de ne pas oublier que l’humain n’est pas le centre du paysage qu’il traverse.
Depuis 2013, Cynthia Fecteau sonde les possibles de l’écriture sur l’art comme champ de création. Ses articles, ses chroniques d’expositions et ses recherches témoignent de sa sensibilité marquée pour les théories écologiques dont l’ambition ne se limite pas qu’à la sauvegarde des environnements naturels. C’est-à-dire, une vision élargie ayant pour perspective de ne jamais tenir séparées les dimensions corporelles et idéelles de notre relation au monde, à l’égard de nos environnements construits, critiques, sociaux et naturels. De ses recherches universitaires sur l’espace qu’occupe le corps dans le processus de création en arts actuels, elle conserve cette attention particulière pour les pratiques théoriques et les formes d’agir qui ravivent une approche sensualiste du réel. Selon elle, les manifestations et les situations artistiques allant en ce sens sont aussi plurielles qu’il y a de manières de voir le monde, d’y garder pied, de tisser avec lui des liens durables, en mobilisant ainsi notre rapport au corps dans notre connaissance du réel.
EXISTER EN ÉTENDUE, UN PROJET D’ÉCRITURE FRAGMENTAIRE
Exister en étendue est un corpus d’écrits fragmentaires commencé il y a un an, lors d’une résidence de quarante jours auprès de la communauté de Saint-Mathieu, une commune française située à vingt kilomètres de Montpellier. Ponctué de rencontres avec des artistes locaux et d’errances géographiques consignées en plusieurs courts textes, ce projet ouvre vers un autre niveau d’être dans l’écriture sur l’art, dans lequel l’individualité n’est pas effacée mais complétée par la collectivité. À l’instar de Félix Guattari, je m’interroge : Y-a-t-il une pratique de la vie, une inventivité possible dans le domaine de la vie sociale immédiate, de la vie collective esthétique?
En prenant activement part à la vie culturelle de Chicoutimi – en habitant le centre Bang et par de longues déambulations dans les événements artistiques et littéraires, les expositions et les ateliers collectifs −, je superposerai de nouvelles couches de sens sur les bribes intuitives déjà écrites au cours de mes explorations littéraires antérieures. Comment habitons nous les espaces que nous avons en partage? J’explorerai l’inscription des pratiques artistiques croisées sur ma route, dans le découpage des temps et des espaces.
Inlassablement épistolaire, Exister en étendue objective cette nécessité intérieure de décrire le monde sous forme d’inventaire sensible, de le circonscrire dans les moindres détails des objets et des lieux familiers que nous traversons, comme pour pouvoir mieux y garder pied. Toutes ces préoccupations constituent les premières balises d’un projet de commissariat à venir.