Où? | ESPACE SÉQUENCE |
Quand? | 19 septembre au 19 octobre |
Artiste(s) | Caroline Fillion |
Il s’agit d’un projet en deux volets. Dans un premier temps, un évènement ponctuel qui se déroule dans les murs de la galerie, la nuit, entre deux expositions. Il y aura ce moment précis, la présence de l’artiste « Trickster » seul dans ce lieu. Son dessein est de prendre le rôle de l’artiste puis de se déguiser en renard. Ce renard qui à son tour prendra l’habit du serveur de canapés pour les offrir aux publics. Publics qui malencontreusement ne viendront pas malgré son attente…peut-être parce qu’il ne les a pas invités… Dans un deuxième temps, la publication d’un catalogue d’exposition. Une publication qui dévoilera la documentation de cette performance et décrira l’expérience du « Trickster » au travers le lieu de l’Art.
Ici, le « Trickster » explique à l’ « Art » son plan d’infiltration à son égard.
(le Trickster) – J’aimerais prendre place en tes lieux entre deux expositions, la nuit. D’être cette présence dans les heures de fermeture.
(L’Art) — Si je comprends bien, tu as choisi de te placer dans un entre-deux. Le moment où il ya une exposition qui termine et une autre qui commence. Entre ces espaces, il y a l’espace ambigu de l’administration, de la diffusion, de la règle du jeu. C’est un lieu très particulier. C’est le lieu de la non-diffusion. C’est le lieu où l’administration reprend place et permet précisément le roulement, le fonctionnement du lieu. S’il n’y avait pas cette pause, comment pourrait-on faire fonctionner l’engrenage? Pendant que tu défais, je monte… Alors quand tu me dis qu’il y aura une action et que tu seras sur place entre deux évènements, il y aura vraiment une action dans le réel. Tu feras alors cette espèce de présence…Animal… Et comment ton public aura connaissance de se qui c’est passé ou de se qui est entrain de se passé ou de se qui se passera?
(le Trickster) — Je voudrais quand même utiliser les méthodes de communication et de promotion de ta galerie. Utiliser la programmation, mais perdre l’accessibilité des visiteurs, paradoxalement à l’utilité de tes galeries. D’être dans les heures de fermeture, d’utiliser quand même les moyens de communication, mais les rendre déficients par l’impossibilité du public de se rendre. L’utiliser sans qu’il ne serve réellement. Ils ne servent à rien pour amener le public, parce qu’il n’y a pas de public qui pourrait venir. La diffusion aura quand même un rôle à jouer en lien avec la présence d’une publication qui fera suite à l’évènement. Un catalogue d’exposition fera vivre l’évènement par le biais de sa documentation, du discours et non de l’action.
(L’Art) — Est-ce que tu aimerais être tout seul sur place? Et par tout seul, je veux dire vraiment seul?
(Trickster) — Je dois être seule pour que cela fonctionne, aucun public de tout genre.
(l’Art) — Donc, tu es tout seul. Et à la fin, il y aurait production de ce catalogue, qui nous indique qu’il y a eu une action. Elle a passé une nuit, mais personne ne l’a vu… Et les canapés, tu les offres à qui?
(le Trickster) – Je les ai préparés, mais je suis dans l’attente, dans l’attente de ces gens-là qui ne viennent pas. Un peu à la manière du personnage de Godot de Samuel Becket, qui par son absence, sa présence est d’autant plus souligné et il en devient même le personnage principal. Je serais sur ce seuil qui me permet d’attendre. Le seuil de ton lieu.
(l’Art) — Parce que tu ne les as pas invités. Tu attends des gens que tu n’as pas invités.