Où? | ESPACE SÉQUENCE |
Quand? | 16 août 2021 au 31 mars 2022 |
Artiste(s) | Julie Andrée T. |
Contexte
Julie Andrée T. entretient depuis une dizaine d’années une relation collaborative avec le centre Bang. En 2008, une première performance avait eu lieu dans la Galerie Séquence, suivie de collaborations ponctuelles dans le cadre d’Art Nomade – Rencontre internationale d’art performance de Saguenay où elle agit comme co-commissaire. En 2014, elle investit Espace Virtuel pour y présenter son projet de fin de maîtrise Bleu turquoise et/ou des « apparitions inattendues », une exposition juxtaposant dessin et ex-voto, installation et diorama. Julie Andrée T. explore depuis la notion du dé-paysage questionnant au passage l’identité de la nature.
Biographie
Situant le corps et l’espace au coeur de sa recherche, Julie Andrée T., qui vit dans la région de Charlevoix Est, se manifeste en installation et en performance. Depuis 1996, elle a exposé ses oeuvres et présenté ses performances au Canada, aux États-Unis, en Europe, en Asie et en Amérique du sud. En 2003, elle rejoint le groupe de performance Black Market International avec qui elle collabore toujours. On a pu voir son travail, entre autres, à la 8ème Biennale de La Havane (Cuba) et de Liverpool (2010), au Festival TransAmériques (2009) et au Festival d’Avignon (2010), au PuSh International Performing Arts Festival de Vancouver (2010) et à la Manif d’Art 7 – La Biennale de Québec. Professeure invitée dans le programme de performance à la School of Museum of Fine Arts (Boston) entre 2008 et 2011, elle a été l’investigatrice d’échanges entre Boston et Québec, et commissaire d’Open Art (2009), un festival international d’art performance à Pékin (Chine). Membre du comité de programmation du Lieu (Québec), elle est co-commissaire d’Art Nomade depuis 2015. À partir de 2018, elle amorce une production d’œuvres publiques dans le cadre de la politique d’intégration des arts à l’architecture du Ministère de la culture et des communications. Finalement, en septembre 2019, elle entreprend un doctorat de recherche en Études et pratiques des arts à l’UQÀM autour de l’esthétique du dépaysage. C’est au printemps 2020, à la demande et en collaboration avec le maire de Saint-Siméon qu’elle met en place le concept et la structure du Centre Inouï dont elle assure la direction artistique en complicité avec une équipe locale.

Bleu turquoise et/ou des « apparitions inattendues, Espace Virtuel 2014 © Julie Andrée T
Démarche artistique
Entre le poétique et le quotidien, le travail de Julie Andrée T. propose des zones communes abstraites mais reconnaissables afin d’investir différents champs de questionnement à la fois culturels et existentiels. Après s’être attardée au climat et aux catastrophes naturelles, elle amorce une recherche, à la fois pratique et théorique, sur le sublime, la mort et le paysage. Son processus de création se base sur la formule synthèse de Michael Jakob (2008) ; P= N+S. Pour Michael Jakob, le (P)aysage résulte à trois facteurs sin qua non : nature (N), sujet (S) et une relation entre les deux (+). En d’autres mots, il n’y pas de paysage s’il n’y a pas de contact, lien, rencontre entre la nature et le sujet.
Julie Andrée T. s’inspire également du concept de créolisation qu’Édouard Glissant explique comme la mise en contact de zones différentes, dans un endroit du monde, d’éléments culturels, hétérogènes les uns par rapport aux autres, et dont la résultante est une donnée nouvelle, totalement imprévisible. Ce type de métissage implique des notions de mélanges, d’hybridation, de croisement des genres et des styles ainsi que des cultures. Par le truchement de ce processus, l’artiste élargit son vocabulaire plastique et esthétique afin d’alimenter, et de provoquer le caractère poétique, politique et poïtique de son travail.

Rouge de Julie Andrée T. © Courtoisie de l’artiste, 2010
Description du projet
Son travail consiste à explorer, définir, investir la notion de dépaysage d’un angle théorique , esthétique et pratique. Si le néologisme dépaysage est utilisé ici et là dans la littérature, il ne semble pas faire l’objet d’études approfondies, a contrario de la notion de paysage dont il découle. Pourtant, il nous ramène au sentiment de dépaysement, de l’action de dépayser et de dépaysager (Roger, 1997). De ce fait, il soulève des enjeux actuels d’ordre politique, environnemental, social, philosophique et artistique. En effet, des milliers de personnes se déplacent pour fuir des contextes sociopolitiques difficiles ainsi que des catastrophes naturelles et écologiques. Simultanément, des êtres humains s’activent à dépaysager des lieux qui, jadis, étaient sacrés et protégés. Il suffit de se remémorer les images très médiatisées de la longue file d’alpinistes patientant près du sommet de l’Everest et des montagnes de déchets qu’ils laissent derrière eux, contribuant à la dévastation de ces lieux mythiques.
« Ma résidence au centre Bang me permettra de me concentrer sur ce sujet. Je souhaite repenser et revoir mes manières de faire et surtout, me sentir libre de prendre du temps pour le faire. » – Julie Andrée T.
Envisageant le dépaysage comme la défaillance du paysage et des codes esthétiques qui s’y rattachent, une question émerge : en considérant sa dimension pluridimensionnelle, quels sont les principes d’une esthétique du dépaysage et comment s’activent-ils dans le champ de l’art?
C’est à partir de ces réflexions que Julie Andrée T. amorce sa résidence au centre Bang. Quatre séjours sont prévues où elle prendra ce temps nécessaire à la réflexion afin de se concentrer sur les étapes de son prochain projet.
Pour en savoir plus sur le travail de l’artiste, consultez cette capsule de la Fabrique culturelle.