Où? | ESPACE SÉQUENCE |
Quand? | 29 septembre au 31 octobre |
Artiste(s) | Emmanuel Galland |
Le projet est de poursuivre, avec l’aide de l’équipe du centre Bang ma recherche sur le Saguenay, le branding fictif d’une ville-région, la quête du vrai faux pittoresque que j’ai débuté en 2008 avec une première résidence-exposition.
Lors d’une résidence et exposition au Lobe (Saguenay), j’ai réfléchi à la notion de branding d’une ville, d’identité territoriale et de sentiment d’appartenance, à la question du pittoresque et du vernaculaire et du centre (historique) versus la périphérie.
J’ai donc joué au « touriste culturel ». Fasciné entre autres par le graphisme, le contenu et la situation géostratégique des nombreuses enseignes bordant certaines artères commerciales périphériques, j’ai décidé de répondre à la question de l’image de la ville de façon décalée.
Ces panneaux commerciaux (caissons lumineux) sont pour moi des monolithes, de véritables monuments historiques ou sculptures publiques. Je les ai photographiés avec un protocole librement inspiré du couple de photographes allemands les Becher. Adapté dans le contexte, mon protocole est celui-ci : attendre les premières neiges, un marathon de « courayage » en char avec un chauffeur, période : à partir de la nuit tombante, prises de vue frontales « à hauteur d’homme ».
Le titre donné à la série – « DE LAFONTAINE À RACINE EN PASSANT PAR BOSSÉ
ET TALBOT » – réfère au parcours réel opéré dans la Ville de Saguenay (périphérie [boulevard Talbot et al.] jusque dans le centre historique [rue Racine]) pour réaliser les prises de vue.
Entre performances photographiques à la course qui a pour ambition de ratisser large dans le paysage hivernal et péri urbain saguenéen et référence à certaines oeuvres d’art conceptuel, cette série constitue une entreprise de sublimation d’un mobilier urbain daté, dont les conditions de visibilité ont été jadis déterminées par la place prépondérante de l’automobile dans la culture nord-américaine et l’opulence de l’électricité. Plus aucun Saguenéen ne pose le regard – seulement comme repère visuel / repère de signalisation – sur ces panneaux hors du temps et hors tendance : ils ne sont plus du design dernier cri. Accoutumés à leur présence dans l’horizon (de façon ostentatoire par exemple sur le boulevard Chabot, à l’entrée / la sortie de la ville, comme une rangée d’arbres), les résidents et riverains du/de Saguenay ne semblent plus les remarquer. Moi oui puisque je suis un « touriste ».
Je suis attaché au patrimoine historique, mais sans le sublimer, sans nostalgie. Le propos n’est pas forcément là. M’intéresse entre autres le patrimoine bâti urbain et l’activation du regard par une mise à jour décalée (dévoilement, focus, recadrage)
d’espaces banals du quotidien.
– Emmanuel Galland
Formé en arts plastiques et en histoire de l’art à l’Université de Montréal, Emmanuel Galland vit et travaille à Montréal. Il a présenté ses photographies et ses installations principalement au Québec. Actif au sein du réseau de l’art montréalais, il a oeuvré au Centre d’art et de diffusion CLARK, à Vidéographe, à MUTEK et à MAI [Montréal, arts interculturels]. En 2010, il a réalisé le commissariat de OFF & ON, première exposition en solo de l’artiste Roadsworth (Atelier Punkt, Montréal). La même année, il a fait tourner au Québec l’exposition HAÏTI À VIF – Quinze photojournalistes témoignent du 12/01/2010 sur le vif et après-coup. À l’automne 2011, il a organisé le projet collectif PEUT MIEUX FAIRE –Cahiers d’exercices à l’OEil de Poisson (Québec).