Où? | Espace Virtuel - 37 rue Rhainds, Chicoutimi-Nord |
Quand? | 29 février au 27 avril |
Vernissage / Lancement | Jeudi 29 février, à partir de 17h - Laboratoire de discussions, à partir de 18h30 |
Artiste(s) | Stéphanie Morissette |
Dans le cadre de collaboration avec centre Bang, l’artiste Stéphanie Morissette présente, à l’Espace Virtuel, une installation vidéographie et photographie abordant le multi-usage du territoire québécois, la géologie et l’environnement. Cette diffusion représente une étape de plus dans le programme de soutien dans la durée que lui offre le centre. Rappelons que l’artiste est l’une des quatre artistes sélectionnés par le comité artistique à participer à notre nouveau modèle de soutien aux artistes axé sur la collaboration et le partenariat autant interdisciplinaire qu’intersectoriel.
PROJET
Enrichie par la mémoire des témoins ayant vécu la mutation de ce lieu, Lac Noir est une installation vidéo et photo présentant le point de vue de la nature sur l’histoire du lac du même nom. L’œuvre présente des perspectives sur le patrimoine territorial et industriel de la région de Thetford Mines marquée par l’exploitation minière de l’amiante. Pendant des années, l’artiste, native de la région, fut intriguée par l’histoire de ce lac entièrement vidé dans les années 1950 afin d’y exploiter une veine d’amiante. Éphémère, cette exploitation fut néanmoins l’une des aventures économiques les plus importantes des environs. Comme toute excavation, le territoire demeure, encore de nos jours, le témoin de cet événement.
Cette oeuvre, à la jonction du documentaire et du film expérimental, est une réflexion des impacts humains sur le territoire et la transformation de celui-ci. Stéphanie Morissette y intègre des images d’archives de la Mine Lac d’Amiante (anciennement nommé le Lac Noir) ainsi que des images du site actuel, représentant autant de points de vue des insectes, des oiseaux ou des minéraux. L’artiste met en lumière le comportement humain vu par les éléments naturels environnants. Enfin, des témoignages audio de membres de la famille de l’artiste relatant leurs souvenirs du lac sont superposés aux images du territoire avant, pendant et après son exploitation.
Dans son travail, l’artiste explore les effets pervers de l’anthropocentrisme à travers la création d’environnements narratifs. Elle privilégie la mise en scène de fragments ouvrant sur une autre vision du monde. Avec ce projet, l’artiste approfondit ses réflexions environnementales rappelant les théories de Val Plumwood sur l’écoféminisme. C’est grâce à la technologie et de multiples médiums qu’elle inverse le rapport de domination avec une pluralité de points de vue de la nature. Elle présente ainsi un univers visuel où l’humain ne serait pas au centre de l’univers, mais plutôt faisant partie d’un écosystème.
Ce corpus présente une continuité avec un travail antérieur où l’artiste promenait des hameçons dans une mer vidée de ses poissons (Empty?/Vide?, 2006-2013); une forêt de papier inquiète de son avenir (L’inquiète forêt, 2015) ainsi que le travail sur la transformation de la nature par les technologies et l’impact humain (Les Curieux empires coloniaux, 2017 et Transmutations, 2019).
L’artiste tient à mentionner que le lac Noir se situe sur le territoire non cédé de la nation w8banaki, le Ndakinna, dans une ville qui porte aujourd’hui le nom de Thetford Mines, Québec, Canada.
BIOGRAPHIE
Artiste canadienne multidisciplinaire, Stéphanie Morissette est actuellement en train de compléter une maîtrise en arts à l’University of Michigan – Ann Arbor aux États-Unis. Elle est titulaire d’un baccalauréat en histoire de l’art et en création de l’Université Concordia et d’un certificat en scénarisation cinématographique de l’UQAM. Elle a participé à plusieurs programmes de résidences internationales en Islande, en Finlande, au Canada et en Allemagne.
Ses œuvres ont été présentées autant en galeries que lors de festivals internationaux et ce, dans le cadre d’événements tels que MUTEK ( Montréal, 2021), les 22e Rencontres Traverse Vidéo (Toulouse, France, 2019); l’International Symposium of Electronic Arts (ISEA) à Hong Kong (2016); le Women Makes Waves Film and Video Festival à Taiwan (2011); ainsi que la 10e Biennale internationale d’art contemporain d’Istanbul (2007). En 2017, elle a remporté le Prix du Conseil des arts et des lettres du Québec – Oeuvre de l’année en Estrie, pour son exposition L’inquiète forêt. En 2018, Stéphanie Morissette fait une résidence de trois mois au sein de l’entreprise sherbrookoise spécialisée en imagerie cérébrale Imeka. Suite à cette résidence, elle crée en 2020 l’œuvre en réalité virtuelle Méandres en collaboration avec Imeka, le centre d’artiste Sporobole et le centre de création numérique TOPO. Cette oeuvre a été finaliste aux Prix NUMIX 2021 – art numérique.
DÉMARCHE ARTISTIQUE
Les recherches de Stéphanie Morissette abordent les relations conflictuelles entre les humains, les éléments de la nature et les technologies à travers le passé, le présent et le futur. Elles puisent dans la politique, la biotechnologie, dans les théories postcolonialistes et la décolonisation de la nature afin de proposer un regard critique sur les rapports de domination. Poursuivant une approche écoféministe dans une forme narrative teintée d’un humour noir, elle multiplie les points de vue évitant ainsi de prendre une position dominante pour inviter les dialogues.
Pour chacun de ses projets, l’artiste propose un environnement où elle cherche à raconter par fragments ou dans un ensemble, les effets pervers de l’anthropocentrisme.
Avec divers médiums, elle cherche constamment à créer un mouvement dans ses œuvres avec un aspect évolutif, sériel ou séquentiel, soit par un parcours dans l’espace, ou encore par la vitesse de la technologie. En utilisant une esthétique qui peut sembler naïve, elle souligne l’absurdité de certains sujets ou situations pour révéler leur aspect troublant.
Pour en savoir plus sur le travail de l’artiste, consultez son site web : stephaniemorissette.com
CRÉDITS ET REMERCIEMENTS
Images et sources vidéo: Stéphanie Morissette, Pierre-Jean Moreau et le Centre d’archives de la région de Thetford.
Direction: Stéphanie Morissette;
Drone : Pierre-Jean Moreau;
Son et mix audio: Dale Einarson;
Contrebasse: Benoît Converset; Piano: Roland Favre.
Réalisé avec le soutien financier du Conseil des arts du Canada et la collaboration de Granilake.
Remerciements:
L’artiste tient à remercier Pauline Laflamme, Réjeanne Laflamme, Louise Landry, Sarto Morissette et Michel Morissette pour leur témoignage; Michel Vallée, gestionnaire de Granilake ainsi que tous les collaborateurs Dale Einarson, Pierre-Jean Moreau, Benoît Converset, Roland Favre, le Conseil des arts du Canada, le Centre d’archives de la région de Thetford, le Bureau Estrien de l’Audiovisuel et du Multimédia BEAM, le centre SAGAMIE et le centre Bang.