Où? | ESPACE SÉQUENCE |
Quand? | 11 septembre au 08 novembre |
Vernissage / Lancement | jeudi le 11 septembre à 18h |
Artiste(s) | Phil Allard - Matthew Biederman - Nicolas Grenier |
Le titre de l’exposition automnale de l’Espace Séquence du centre Bang est explicite. Installation, peinture et art vidéo, les artistes de Chroma système traitent de la couleur sous diverses formes et avec des intentions bien distinctes. Nicolas Grenier oriente la lecture de ces tableaux en les accompagnant de légende de couleurs dans le cadre de son travail pour la série Proximities. Le projet Serial Mutations (z-axis) de Matthew Biederman interroge quant à lui la surface sur laquelle la vidéo générée en temps réelle sera projetée. Phil Allard sculptera l’espace de la galerie avec l’installation Conditions incertaines composée de blocs multicolores.
PHIL ALLARD
Conditions incertaines
all-art.ca
MATTHEW BIEDERMAN
Serial Mutations (z-axis)
Depuis le milieu des années quatre-vingt-dix, Matthew Biederman performe, installe et expose des oeuvres qui explorent les thèmes de la perception, de la saturation médiatique et des systèmes de données à partir d’une multitude de points de vue. Son travail a été récompensé autant au Canada qu’à l’étranger et il a participé à des résidences d’artistes dans de nombreuses institutions. Auparavant, il a fait ses classes en tant que co-directeur du San Francisco’s Artist Television Access, une médiathèque et un centre d’exposition communautaire de San Francisco. Il a aussi été consultant pour plusieurs artistes de renom dans le domaine des nouveaux médias (Lozano-Hemmer, Jim Campbell et Julia Scher, entre autres) et pendant plusieurs années, il a occupé le poste de directeur technique au MOMA de San Francisco. Biederman est représenté par la galerie Art45. Il vit et travaille à Montréal.
mbiederman.com
NICOLAS GRENIER
Proximities
nicolasgrenier.com
Texte d’Alexandre Poulin
Publié dans Invitation vol. 8 no. 2 nov-déc 2012
Depuis Los Angeles où il emménage en 2008, Nicolas Grenier s’inspire de la grille urbaine et des disparités sociales de cette ville reconnue pour sa multiplicité de boulevards et de quartiers homogènes. Si la science de l’urbanisme est née à l’ère du développement industriel, les agglomérats suggérés par une ville comme L.A. semblent, eux, tributaires d’une toute autre conjoncture : celle d’une société de consommation caractérisée par une polarisation sociopolitique exacerbée. L’essor de quartiers ouvriers a donc été relayé par une importante prolifération de quartiers de consommateurs-citoyens agglutinés autour de centres commerciaux.
Selon la définition courante, l’urbanisme est une science permettant d’adapter l’habitat urbain aux besoins des êtres humains. Historiquement, cette discipline laisse cependant place à d’étonnantes dérives qui, de par la rigidité des structures urbanistiques mises en place, ne cherchent plus tant à répondre aux besoins de ceux qui pratiquent l’espace, mais plutôt aux intérêts de ceux qui le produisent.
Le travail de Nicolas Grenier questionne justement ce terrain glissant où l’utopie et la dystopie s’entrechoquent, laissant ainsi place au désœuvrement.
PROXIMITÉS : LA COHABITATION DES EXTRÊMES
Ce sont là des préceptes qui peuvent orienter la lecture des œuvres de Nicolas Grenier, et plus particulièrement de celles présentées dans Proximités. Le tableau On apprécie la proximité des autres (2012) est en ce sens très révélateur. Au beau milieu de ce qui semble être un désert, l’artiste projette le plan d’une véritable cité qui n’est pas sans rappeler les projets utopiques d’architectes modernistes tels que Le Corbusier ou Frank Lord Wright. Cependant Grenier ne se limite pas à une organisation basée sur une cohabitation par fonctions sociales. Le second tableau de ce diptyque nous présente une légende de couleur qui permet d’identifier jusqu’aux tendances politiques propres à chacune des classes sociales. De toute évidence, une iniquité persiste quant aux espaces réservées aux différentes franges, d’autant plus que ces dernières sont clairement divisées, comme pour éviter toute proximité des extrêmes. Supposer l’appréciation de la proximité des autres, quand pourtant tout est mis en place pour assurer que les divergences restent irréconciliables, voilà une absurdité persistante que l’artiste s’évertue ici de mettre en lumière.