Où? | À L’Écart, Rouyn-Noranda |
Quand? | 08 mars au 15 avril |
Vernissage / Lancement | 8 mars à 17h |
Artiste(s) | Commissaire : Étienne Boulanger avec Carl Bouchard, Yanik Potvin, Pierre-Olivier Tanguay et Stéfanie Requin Tremblay |
Texte du commissaire Étienne Boulanger
« Ce projet d’échanges tracera le portrait de l’art contemporain de deux régions québécoises situées au nord du 48e parallèle. L’axe de diffusion est-ouest permet de comparer deux systèmes régionaux. Il s’agit ici de découvrir et de comprendre notre voisin à la fois dans son esthétique artistique et dans son système de l’art.
Si, en 1967, Glenn Gould considérait le nord comme un lieu d’isolement et d’introspection, il faut aujourd’hui considérer les possibilités créatrices du territoire et développer un système d’échange plus ouvert. Cette proposition de rencontres entre les artistes de Saguenay et de Rouyn-Noranda doit considérer l’idée du nord dans sa relation à la production et la diffusion de l’œuvre d’art. Le nord c’est l’isolement, la distance, mais c’est aussi un endroit à la fois familier et étranger.
Le commissaire Étienne Boulanger a choisi quatre artistes professionnels qui dynamisent la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean et qui naviguent aisément dans le système de l’art. Ces quatre créateurs partagent aussi une vision attentive à notre rapport avec l’imagerie populaire et en explorent singulièrement le mode de production répétitif.
Puisque…
Métallica ne viendra pas jouer ici cette année.
- Pochoir et traditions chez Carl Bouchard,
- Moulage et abondance chez Yanik Potvin
- Nature désenchantée et affichage générique chez Pierre-Olivier Tanguay
- Médias sociaux chez Stéfanie Requin Tremblay
Ce projet de commissariat permet de revendiquer l’importance de la production culturelle en région éloignée et surtout de contribuer franchement à la transmission du savoir sur notre territoire.
Même si vous pensez rallonger la ligne bleue, je vais conserver ma voiture.
D’ailleurs, l’idée de prendre le train pour me déplacer me semble farfelue.
D’ailleurs voici deux autres situations que je trouve farfelues :
- Ma frustration de rater une lumière verte à l’heure de pointe = farfelue
- L’idée de prendre un bain de nature au Mont-Royal = farfelue
Ici, je ne croise guère de vedette à l’épicerie du coin.
Vu d’ici, le concept du quartier chinois me paraît plutôt exotique.
Au moment jugé opportun, je peux aller couper mon sapin de Noël au bout de la rue sans que cela ne crée d’incident diplomatique.
L’artiste de région n’est pas un idéaliste errant volontairement dans un monde isolé. Au fond, nous ne sommes pas seuls.
L’échange interrégional entre le Saguenay-Lac-Saint-Jean et l’Abitibi-Témiscamingue c’est comme retrouver un frère jumeau. À travers l’industrie lourde et les épinettes noires, les créateurs de la boréalie participent au développement de leur territoire. Cet échange sur l’axe est-ouest révèle un art régional québécois ouvert où les images, les objets et les idées circulent formidablement. »
Des artistes membres de L’Écart se rendront ensuite à Saguenay pour une exposition collective présentée du 22 mars au 28 avril 2018 à l’Espace Virtuel du centre Bang.
CARL BOUCHARD
Pochoir et tradition chez Carl Bouchard
Démarche artistique
La pratique artistique de Carl Bouchard se développe depuis 25 ans. Plusieurs cycles, teintés de préoccupations et d’attitudes diverses, ponctuent son travail de création. Il a abordé de nombreux thèmes universels touchant à des phénomènes de l’existence et à des problématiques de société telles que le désir amoureux, la mort, la santé, la peur et l’angoisse, le colonialisme, l’amateurisme et le professionnalisme.
Son approche artistique tient à la fois du phénoménologique et du scientifique. Elle se caractérise par une bonne dose de subjectivité et d’imaginaire tirés de sa vie et qui l’apparente aux modes de la déclaration ou de la prise de parole (associées généralement au monde littéraire); tout en étant soumises à une quête d’objectivité et à une certaine mise à distance de l’égo (associées aux démarches empiriques). Les corpus d’œuvres qui en découlent sont tous multi, pluri ou interdisciplinaires.
Le premier cycle de sa pratique (huit ans) présentait des œuvres conceptuelles et formalistes. Le second cycle s’est élaboré sur quatorze ans, sous le mode de l’autofiction. Depuis 2013, les œuvres de Carl Bouchard renouent avec les préoccupations esthétiques qu’il avait en début de carrière, en utilisant parfois l’autoreprésentation.
Le modus operandi de sa pratique est celui du piège. Bouchard cherche à séduire et à fasciner pour susciter l’adhésion du regardeur dès le premier coup d’œil avec le dessein de trahir ce regard par un contenu non conforme, après coup. Une sorte de beauté tragique en résulte.
Biographie
Carl Bouchard réside et exerce son travail de création à Chicoutimi, d’abord à l’atelier l’Oreille Coupée (1989-1997) et maintenant au Centre de production en art actuel TOUTTOUT, dont il est cofondateur. Il est président et cofondateur du centre d’artistes Le LOBE (1993). En 2014, il complète une maîtrise en arts à l’Université du Québec à Chicoutimi.
C’est au début des années 1990 que Bouchard contribue par son travail à l’essor des pratiques multidisciplinaires. Il a présenté dix-huit expositions individuelles et participé à soixante-dix expositions collectives au Canada, en France, en Autriche et en Colombie. Soulignons la prestigieuse exposition De fougue et de passion au Musée d’art contemporain de Montréal (1997), la spectaculaire installation Les pleureuses – oublier par don – présentée à l’église Notre-Dame-de-Jacques-Cartier (Manif d’art de Québec, 2000), mais aussi l’engagement et l’audace qui ne cessent de surprendre depuis Jouer au docteur / be a specialist ( Le Lieu, Québec, 2004).
Il a réalisé onze projets d’art public et ses œuvres font partie de plusieurs collections muséales, institutionnelles et privées, au Québec. Son travail de création a été de nombreuses fois soutenues par le Conseil des arts et des lettres du Québec et le Conseil des arts du Canada. Depuis 1998, Bouchard développe une pratique interdisciplinaire conjointe avec l’artiste Martin Dufrasne, en parallèle à leur démarche individuelle.
PIERRE-OLIVIER TANGUAY
Nature désenchantée et affichage générique chez Pierre-Olivier Tanguay
De noir et de blanc, Pierre-Olivier Tanguay illumine la noirceur. L’imposante installation a été réalisée dans le cadre d’une résidence de dix jours à l’Écart. Artiste et travailleur forestier occasionnel, Tanguay arpente le territoire régional. Si la forêt boréale se révèle parfois profitable et généreuse, elle est aussi vulnérable imprévisible. Tanguay met en scène un paysage forestier commun de nos régions. Il place des arbustes rabougris et calcinés sur un îlot ravagé. Si ce n’est pas la furie des flammes qui a radié les conifères, c’est peut-être l’arrivée d’un envahisseur soudain qui contribua à leur perte.
Démarche artistique
Biographie
pierreolliviertanguay.wordpress.com
STÉFANIE REQUIN TREMBLAY
Médias sociaux chez Stéfanie Requin Tremblay
La large installation murale de Tremblay nous plonge dans un monde de consommation, de marketing et de placement de produits génériques. Nous avons l’impression que l’artiste marchandise sa propre existence. Hygiène c’est comme une séance photo studio… Mais avec un polaroid. Stéfanie Tremblay brouille habilement son existence dans l’imagerie numérique de masse. En parfait accord avec le titre de l’ensemble, les images et les objets sont aseptiques. La composition énigmatique et éclatée nourrit notre propre déchirement affectif entre l’iconographie vintage et l’imagerie populaire des réseaux sociaux rappelant au passage que la technologie est un outil formidable servant, la plupart du temps, à générer des souvenirs.
– Étienne Boulanger, commissaire
Démarche artistique
Biographie
stefanierequintremblay.com
YANIK POTVIN
Moulage et abondance chez Yanik Potvin
Après des années dans les fours à cuisson, Potvin revient avec de nouveaux crayon de bois. Dans ce dessins à l’encre et au panorama All-Over, les corps des vedettes rock s’entrechoquent avec les personnages divins et les protagonistes issus de dessins animés douteux. À la manière de « Où est Charlie », Godzilla pourrait régner sur un monde surpeuplé de Bernie Sanders et de Michael Jackson. Réunis au mur, ces dessins forment une fresque narrative où le jeu et les découvertes surprenantes stimulent notre imaginaire. On prend goût au format et on s’émerveille face au travail colossal nécessaire à la réalisation de l’ensemble. Cette notion du fait à la main est primordiale dans le travail 3D de Potvin. Les nouvelles œuvres sculpturales de l’artiste célèbrent des produits alimentaires qui entrent en collision avec la statuaire religieuse. En re-moulant des objets de la culture populaire Potvin désacralise le monotype. Il manipule astucieusement le protocole de l’atelier, infligeant un traitement sévère à la matière. Autant en 2D qu’en 3D, les œuvres sélectionnées sont denses, ironiques et prodigieusement captivantes.
Démarche artistique
Biographie